Parrainages de famille et de groupe

Mariam Maïga, avant de fonder l’association Zoodo (Pour la Promotion de la Femme), a travaillé pour « Terre des Hommes » Lausanne. Elle s’occupe de jeunes filles défavorisées dans la banlieue de Ougadougou et leur donne des cours de soutien scolaire. Nous nous sommes rencontrés à Ouaga au moment où Mariam a mis fin à sa relation de travail avec T.d.H. et a décidé de fonder Zoodo. C’était en 1997. Le jeune président de Zoodo a proposé que nous financions le soutien scolaire dans deux villages et deux quartiers de la ville. Le projet d’appui scolaire se poursuit à ce jour, bien qu’il ait subi plusieurs adaptations et de fréquents changements de personnel, dans deux villages (Baobané-Ouattinoma, Wabdigré) et dans la ville de Ouahigouya. Les premières années, dans le village de Wabdigré, le soutien était assuré à l’ombre d’un arbre, le tableau noir appuyé contre le tronc, les élèves assis sur un banc ou à même le sol. Les rafales de l’Harmattan ont fait tomber le tableau noir sur le sol. Le nom de l’animateur était Ismaël. Aujourd’hui, les enseignants-animateurs s’appellent Assétou, Ouarma, Belem, Daouda, Haoua, Absétou, coordonnés par Sidi Savadogo. Il y a 120 élèves en soutien. Au début, les filles des villages n’allaient même pas à l’école. Aujourd’hui, les premiers étudiants, grâce au soutien et aux diverses aides individuelles ou familiales par le biais du projet de parrainage, arrivent à l’université. Ismaël suit le cours de « Gestion Ressources Humaines » à la Faculté Universitaire de Ouahigouya. Deux garçons vont passer le BAC scientifique (la « maturité ») et, si tout va bien, pourront s’inscrire à l’université en octobre. Dix autres filles et garçons, qui ont été soutenus et parrainés pendant plusieurs années, vont au lycée. Ils pourront eux aussi obtenir un BAC à l’issue de la formation. Beaucoup ont pu suivre une formation professionnelle pratique. Certaines se sont perdues en chemin, d’autres sont tombées enceintes et ont arrêté leurs études ou leur formation professionnelle. Une quinzaine d’enfants issus de familles très pauvres bénéficient d’un parrainage collectif pendant les trois années de la « garderie » (entre trois et six ans) et pourront commencer leur scolarité avec une solide connaissance de la langue (le français). Au fil des ans, le soutien complémentaire apporté par l’aide scolaire et les différentes formes de parrainage a permis à de nombreux jeunes issus de milieux socio-économiques défavorisés, dont beaucoup de filles qui, par le passé, auraient été confinées au rôle d’aide domestique (pour ne pas dire plus), de se construire un meilleur avenir. Peut-être deviendront-ils un jour des leaders, comme le sont aujourd’hui Mariam Maïga et Blandine Sankara !

Ouahigouya, 2 janvier 2016, h. 15.10., F.L.